how lovely the silence of growing things ; Ariel

c’est toujours pareil. quand c’est lui qui essaye - du bout de ses doigts maladroits - de faire pousser des fleurs dans son jardin, elles finissent toutes par périr, peut-être effrayées de devoir vivre sous le règne d’ariel. mais quand il s’agit de felipe - et de ses mains soleil - c’est différent, elles vivent et s’épanouissent, deviennent magnifiques et habillent le jardin de couleurs multiples. c’est évidemment après un énième échec qu’il a fait appel au jardinier, se confondant en mille excuses au téléphone, de devoir le déranger encore une fois - de lancer un appel au secours, la demoiselle en détresse, la princesse du cottage océan. et comme à chaque fois que felipe est là, ariel reste enfermé entre les murs de pierres, à confectionner d’autres merveilles - une tarte aux myrtilles, pour changer un peu des mûres - et vole quelques regards à travers la fenêtre, dissimulé derrière les rideaux de dentelle blanche. le soupir qui s’échappe de ses pulpeuses avant qu’il ne s’éloigne pour s’assurer que la cuisson se passe bien dans le four, l’assiette religieusement préparée sur le plan de travail à la faïence bleue et blanche. les minutes s’étirent et ariel prend conscience qu’il ne peut définitivement resté enfermé dans sa tour, s’active enfin pour récupérer un grand verre dans lequel il plonge plusieurs glaçons avant d’arroser le tout d’un thé glacé à la pêche et au miel fait maison. dans un dernier élan de courage, il abandonne l’intérieur pour rejoindre le jardin, s’arrêtant à une distance raisonnable du jardinier - par peur que son palpitant ne se précipite trop violemment dans sa cage thoracique. c’est ridicule de tomber amoureux si facilement, mais c’est sa malédiction - les petits coups de coeur sans arrêt. mais si lui prend des précautions, felipe n’en fait rien, prend sans doute ça pour une invitation à se rapprocher - retire les gants terreux, geste qu’ariel accroche du regard en remerciant le ciel de ne pas se retrouver avec de la terre partout. ça serait un vrai désastre, probablement. — i forget about everything, don’t feel special. il glisse du bout des lèvres, le coin de sourire pour montrer qu’il plaisante - se moque plus de lui avec sa capacité à tout oublier plutôt à tout retenir - et surtout pour cacher la panique qui s’installe doucement en lui. quoi dire ? que faire ? à croire qu’il ne sait plus comment fonctionne un être humain. le verre de thé glacé tendu entre eux, ariel penche légèrement sa tête sur le côté pour offrir un sourire plus grand, une fois assuré que son palpitant reste bien accroché. — of course i did, what kind of host would i be otherwise, right? une fois le verre récupéré par felipe, ariel se permet de re-croiser les mains derrière son dos et de se reculer d’un pas, toujours peu assuré de ne pas s'effondrer, c’était moins compliqué quand il avait sa période crush sur le facteur. — you know, i’m really bad at gardening but i’m terrible good at flowers. avoir des fleurs chez lui, dans un vase, et reconnaître les fleurs, c’est tout un art qu’il maîtrise. — they always mean something. il rajoute avec une certain douceur ensuite pour regarder les lys blanches qui se prélassent au soleil un peu plus loin, beaucoup plus détendu à parler de choses qu’il maîtrise. — do you know what we say about lilies? mais il n’a pas le temps d’en dire davantage qu’une petite tornade arrive, un éclair de blanc et de roux - freya qui bondit aux côtés du jardinier dans un aboiement rauque, la queue battant l’air. — she said hi.