confess.

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je suis la plus bonne de tes copines, confess

tous les jours c'est la même, j'fais mon entrée en scène car j'suis déjà trop belle depuis le morning eh./(confess;piche) - @simon

une fois n’est pas coutume, ariel se précipite à l’église - le coeur palpitant trop fort, lorsqu’il pousse les lourdes portes en bois. les violons s’arrêtent d’un coup, les lumières s’éteignent et le spot se braque sur ariel - les doigts crispés à s’en attraper des échardes, la respiration lente et tortueuse. le drama. on pourrait s’imaginer toutes les meilleures scènes d’église : une demande d’asile après qu’un homme à cheval tente de vous condamner au bûcher, l’interruption d’un mariage entre un homme et potentiellement l’autre homme de votre vie qui ne peut malheureusement pas accepter votre demande suite à des événements désastreux qui vous oblige à le laisser à quelqu’un d’autre même si ça vous rend désespérément triste. pourtant ce n’est qu’ariel qui remonte l’allée d’un pas rapide, affolé par les terribles secrets dans son coeur - les péchés qu’il est obligé de venir étaler face au père simon - ou du moins dissimulé dans le confessionnal. l’habituelle rengaine, on le voit souvent revenir dans l’isoloir pour parler de ce qu’il a sur le coeur, au grand damn du père simon probablement. installé à sa place habituelle, ariel attend - le palpitant qui bat à tout rompre, qui attend la voix familière de l’autre côté pour lui demander ce qui l’appelle ici. — mon père! il lance presque aussitôt, tendu, incapable de savoir s’il peut garder ça pour lui plus longtemps. — je ne sais pas si c’est… si probablement, mentir ? c’est un péché n’est-ce pas ? les mots se bousculent alors qu’il essaye de comprendre lui-même s’il est en tord ou non, installé sur le petit banc de bois, à tenter d’observer la silhouette du père simon derrière le claustra. — je mens beaucoup. il tente un signe de croix, pas trop sûr d’être vraiment dans les grâces de dieu, mais il se dit que c’est peut-être le moment de se sauver les fesses et ne pas terminer à rôtir en enfer. — enfin non, pas beaucoup, mais assez. c’est… enfin, il y a fe– le jardinier– un jardinier ici, sur l’île, parmi d'autres jardiniers. il n’est plus sûr tout à coup qu’il y en ai d’autres, à dire vrai, mais s’il est assez persuasif, peut-être que le père pensera qu’il y en a bien d’autres. — et je fais souvent appel à lui pour jardiner chez moi, parce que je suis terriblement nul avec les fleurs, et les plantes, et ma mère adorait ça, alors j’aimerais continuer à en avoir beaucoup, vous voyez… mais parfois je fais exprès. le mot tombe, fortement, et puis un silence s’étale de quelques secondes. — de casser ou déraciner des choses, parfois– parfois je dis même que c’est— que c’est freya, oh je suis désolé freya. il souffle en pensant à sa chienne, si innocente, qui n’a rien fait, et son visage tombe dramatiquement dans ses mains - normalement c’est là que les larmes de crocodile se déclenchent, mais il n’est pas si contrarié.

Code by midnight shadow

Le service se termine à peine lorsque depuis le chœur, alors qu'il referme son livre de prières, il voit Ariel pousser les lourdes portes de l'église. Les pas pressés du jeune homme — signe d'un nouveau malheur qu'il faut guérir sans plus attendre — résonnent sous la voûte, dans l'édifice encore bruyant des murmures des derniers fidèles qui quittent les bancs pour le soleil qui les attend à l'extérieur. Ariel se dirige tout droit vers le confessionnal. Cela n'est pas surprenant, d'ailleurs, cela faisait même longtemps que cela n'était pas arrivé, alors Simon se hâte vers l'annexe pour retirer ses robes de cérémonie, rallume quelques cierges éteints par la brise qui s'est immiscée au travers des trous des verrières, et se glisse dans la cabine de bois.

— Voilà bien longtemps que l'on ne vous avait pas vu, mon fils. Vous n'assistez même plus à la messe ces jours-ci, que vous arrive-t-il donc ?

Ariel ment. C'est ce qu'il dit. C'est pour ça qu'il est venu se confesser, pour un petit péché qui ne fait de mal à personne si ce n'est à lui.

— C'est bien un péché de mentir, mon fils. Mais ne vous tourmentez pas, vous avez bien fait de venir m'en parler devant notre Seigneur. Dans les Proverbes, il est dit : « Les lèvres fausses sont en horreur à l'Éternel, mais ceux qui agissent avec vérité lui sont agréables. » Voyez donc par vous-même, vous êtes déjà en train de réparer votre faute.

Il perçoit dans la pénombre le signe de croix maladroit du jeune garçon, hésitant presque, et sa voix chevrotante quand il lui confesse ce pourquoi il est vraiment venu. C'est la première fois qu'il entend parler d'un jardinier dans la bouche d'Ariel, et ça l'étonne — après tout, le garçon-sirène est plus souvent sur la plage et les docks que sur la terre ferme, à retourner la terre de ses mains délicates et fragiles qui ne connaissent comme rudesse que le sel de l'océan. Des jardiniers, il y en a plusieurs ici à Brambles, alors cela pourrait être un peu n'importe qui. Naturellement, son esprit dérive vers Felipe, qu'il a vu la veille aménager un parterre devant le banc vert dont la peinture est toute écaillée, celui qui se trouve derrière l'église. Mais ça l'étonnerait, car Felipe est plus souvent ici et sur les hauteurs qu'en bas, parmi les créatures marines.

Mais peu importe qui cela pourrait bien être, car la voilà, la terrible vérité. Ariel est amoureux.

Peut-être ne le sait-il pas encore, peut-être ne l'a-t-il même pas vraiment formulé, mais Simon en est sûr, il le connaît un peu par cœur maintenant, et ça le fait sourire, même si Ariel ne le voit pas. Oui, il sourit, parce qu'à chaque fois, il n'arrive pas à en vouloir au jeune homme de tomber amoureux tout le temps, et de tout le monde — il l'envie même un peu, au fond, de pouvoir aimer tout court et autant. Dieu lui-même doit en sourire, de ces histoires, Simon en est sûr. Des sentiments, Ariel en a pléthore, les répand toujours ici. Ils collent partout dans l'église, tiennent bon malgré les trous partout dans les murs et le plafond, et pendant longtemps, rendent l'air un peu moins irrespirable pour tous ceux qui viennent y trouver refuge. Peut-être parce que ces histoires pécheresses, d'une douceur infinie, rendent Simon un peu moins froid lui-même.

Pas assez, cependant, pour pardonner à Ariel d'accuser sa chienne.

— Mon fils. Je vous arrête tout de suite, mais vous ne pouvez pas continuer à accuser votre chienne. Voyez-vous, mentir pour soi-même, cela passe à la rigueur et puis, l'erreur est humaine. En revanche, vous ne pouvez pas impliquer un autre être, innocent qui plus est, dans vos manigances. Cela me fait encore penser aux Proverbes : « Ne calomnie pas un serviteur auprès de son maître, De peur qu'il ne te maudisse et que tu ne te rendes coupable. ». Que feriez-vous, mon fils, si votre chien se détournait de vous ?

Conscient de la dureté de ses mots, Simon inspire un grand coup.

— De plus, n'y a-t-il pas un moyen pour que ce jardinier puisse vous rencontrer sans que cela amène à la destruction de votre jardin ? Les fleurs aussi ont une âme, la Nature est grande, il ne faut pas l'abîmer. Avez-vous pensé, par exemple, à demander à votre jardinier quelques conseils pour vous améliorer ? Je fais cela avec l'un de mes nouveaux amis, Felipe. Un garçon charmant qui a une de ces mains vertes ! Enfin, je m'égare... depuis combien de temps voyez-vous ce jeune homme ?