Les mains dans la terre, les gants troqués contre la peau et la chair pour te reconnecter à cette parcelle qui doit être soignée, le soleil réchauffe ton corps, couvre ton visage d'une fine pélicule salée que tu viens essuyer d'un revers de manche retroussée. Le potager est enfin labouré, la terre retournée prête à accueuillir les plantations qui pourront prendre racines en ce début de saison. T'aimes penser à cette impression de renouveau, cette seconde chance que tu parviens à donner à la végétation de ce petit coin de paradis, comme si tu parcipais toi aussi à le faire perdurer, tu devrais te lasser, t'as jamais été du genre à aimer te poser, besoin constant d'être actif, de te renouveler, d'occuper ton esprit agité mais ici t'as pas l'impression de stagner, chaque boutot aussi familier soit-il est un nouveau défi à relever, un nouveau récit dans lequel plonger, s'occuper des jardins, des terrains, c'est un peu comme rentrer dans l'intimité, dans le quotidiens des habitants qui t'ont toujours acceuilli comme l'un des leurs et au fond c'est surêment ce que t'as toujours recherché, un endroit où te sentir en sécurité. "Pa' ! regarde ! comme toi !" Lili soulève sa petite pelle de toute ses forces, retire beaucoup trop de terre pour la superficie de l'outil et la tien à deux mains, une grimace déforme son visage quand elle se concentre pour ammener la terre jusqu'à la grosse brouette et évidement la moitié tombe à côté ce qui t'arrache un rire sincère. "C'est bien bug ! Une vrai championne ! Bientôt tu pourras travailler sans moi hm ?" "Ouais ! Comme une grande !" "Hey, qu'est-ce qu'on a dit à propos des ouais ?" Lili s'arrête et essuie ses mains sur sa petite robe, semble réfléchir un instant en remuant sur ses pieds avant de marmonner "... C'est pas joli, je dois dire oui" "Bien, tu m'aides à arracher les mauvaises herbes?" "ouiiii"
Ton attention est attirée par les voix familières, des éclats de vie qui t'arrache un sourire quand tu te redresse enfin, étire ton dos douloureux et essuies les mains terreuses sur le devant du tablier. T'es pas vraiment surpris que Simon et les filles veulent mettre la main à la pâte et t'es plus qu'heureux de les impliquer dans ce qui deviendra leur petit jardin secret, un endroit dont ils pourront s'occuper, qui pourra les rassembler. "Le terrain est prêt ! Faut encore tailler quelques arbustes, arracher quelques mauvaises herbes et surtout décider de ce que vous voulez planter, j'suis pas le meilleur paysagiste donc j'vous laisse décider de la partie esthétique" Tu annonces dans un petit rire, plante la pelle dans un monticule de terre avant d'essuyer à nouveau la sueur qui perle sur ton front pour t'approcher de cette petite famille recomposée, en quelque sorte, quand Lili pousse un cri de joie en courant vers les filles, ses cheveux bien plus décoiffés que ce à quoi elle ressemblait lorsque vous êtes partis ce matin. "regarde ce que j'ai trouvé !" La petite blonde ouvre sa main pour dévoiler une coccinelle qui marche tranquillement dans sa paume, la faisant glousser en marmonnant que ça chatouille quand elle bouge.
messages : 490 arrivée : 29/02/2024 toi, pronoms : vert alligator (pol), they/them faceclaim, crédits : keanu reeves, étangs noirs.alias : ugOlIn, monstre de ferraille et de papier métier, occupation : curé du village don : la voix qui gronde comme l'orage quand vient la colère, mais douce quand portée par l'écho jusqu'au bout du village, elle récite les orémus à la gloire du Seigneur tous les dimanches matin
Sujet: Re: pousses printanières ; simon, mm & rm Ven 12 Avr 2024 - 22:59
Depuis la fenêtre du premier étage, il fume sa dernière cigarette et les regarde retourner la terre. Les petites mains de Lili dans les grandes mains gantées de Felipe, et là contre la brouette, le petit gilet vert qu'il a déposé pour ne pas qu'elle le salisse. Quand Simon les regarde, ça lui rappelle Rose-Mary et tous les galets qu'ils ont pu peindre et mettre au fond de la rivière. Toutes les fois où il lui a dit de faire attention à ses genoux qu'elle ramenait trop souvent écorchés, et tous les mots interdits qui ne font pas beau dans la bouche d'une jeune fille. Sur le visage de Felipe, il retrouve le même sourire qu'il avait quand, juste après avoir couché sa fille, il se regardait dans le miroir de la salle de bain. Parfois, rien que d'y penser le fait sourire comme ça, comme avant. Lili montre à son père une mauvaise herbe qu'elle a fièrement arraché, mais les ronces sont encore hautes dans le fond du jardin, et les mûres auraient sûrement touché le ciel s'ils n'avaient pas commencé à couper leurs branches, qui retombaient en cascade sur la petite parcelle ensoleillée où grandiront tous leurs rêves culinaires. Il n'avait pas prévu de faire appel à un jardinier, mais il est bien content de l'avoir fait car entre les fuites du toit de l'église et les nouveaux tourments dans le cœur d'Ariel, Simon a bien à faire en dehors de chez lui — et puis il faut bien le dire, son dos n'arrive plus vraiment à retourner la terre et à bêcher comme il le faisait à son retour sur l'île.
Sous ses doigts la peinture de la fenêtre craquelle, éclate en petits morceaux pour retomber en confettis sur la terrasse, où Rose-Mary et Marie-Mei discutent en riant. Le gâteau à l'orange qu'ils ont préparé pour le goûter cuit dans le four, dégageant une douce odeur sucrée. Quand on la sent, ça veut dire que c'est l'heure de descendre et de le déguster — Rose-Mary et Simon l'ont appris à leurs dépends il y a déjà plusieurs années quand, en pleine lecture d'un conte de fées et sentant le fruit de leurs efforts les appeler depuis quelques minutes, ils se sont rendu compte qu'il était déjà trop tard, que tout avait brûlé. Alors, Simon se hâte, descend quatre à quatre les escaliers de bois. S'empare d'un torchon, ouvre le four. La vague de chaleur qui en émane est ébouriffante, mais le parfum du gâteau l'est plus encore. Il saupoudre de sucre glace, le sucre qui ne sert pas à grand-chose sinon d'être joli (donc ça sert à quelque chose, s'évertuera à le convaincre Rose-Mary).
— C'est prêt ! Mangeons le goûter ! s'écrie-t-il en sortant sur la terrasse. Felipe ! Lili ! Le goûter est servi !
Il s'approche d'eux, presque dissimulés derrière l'énorme brouette chargée de mauvaises herbes. Simon tend un chiffon à Felipe, qui l'informe des dernières avancées.
— Pour la partie esthétique, écoutez, nous voulons juste planter deux trois légumes, pourquoi pas mettre deux trois fleurs, un rhododendron, des camélias. Et une glycine. J'adore leur odeur... Mais j'y connais pas grand-chose, à vrai dire. Je suis assez maladroit de mes mains et même planter, je crois que je ne sais pas. L'important est de se débarrasser de tout ce fourre-tout d'herbes sauvages qui bloquent la vue sur la mer. Je vous jure qu'on peut la voir derrière ces broussailles, c'était le cas quand j'étais enfant et que ma mère s'occupait de ce jardin.
Il s'interrompt en entendant Lili crier qu'elle a trouvé une coccinelle. Ah ! Elle est vraiment adorable, votre fille. Elle me fait beaucoup penser à la mienne. Elle a cette même chevelure blonde et ce goût pour l'aventure... Quel âge a-t-elle ? qu'il demande en faisant signe de se diriger vers la terrasse, où Marie-Mei coupe déjà le gâteau.
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