appel fixe — maryie

un mardi matin très tôt

elle a tiré le combiné jusque dans sa chambre. l'aube se lève et elle regarde par la fenêtre les premiers rayons du soleil. elle sait qu'à cette heure si la grand-mère de mm est déjà partie à la cueillette. marie-mei? est-ce que je t'ai sortie du lit? je voulais être la première à te souhaiter une bonne journée.

le combiné collé à son oreille et enroulée dans ses draps, sa voix de l'aube lance un allô? qui transcrit son envie de dire mille autres choses moins polies. mais en entend la voix de l'autre côté, elle s'adoucit en un instant. rem... même le soleil dort encore à cette heure-ci... qu'est-ce que tu fais déjà debout?

doucement elle vient sourire, elle adore la voix encore endormie de mmei je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, mes pensées étaient pleines de brumes. pour les chasser je me suis dit que ta voix était le meilleure des remèdes.

et lorsque rm mentionne ses tourments, marie-mei se redresse d'un coup qu'est-ce qui te chiffonne rose-marie? qu'est-ce que je peux faire pour toi?? de l'autre côté de la ligne, on l'entend sûrement s'agiter tandis qu'elle cherche à tâtons de quoi s'habiller avant de finir par trébucher. aïe...

tu es tombée? tu tombes toujours quand tu te précipites. elle ne s'inquiète pas plus que ça rm, et elle ne dit pas qu'elle aimerait être avec mmei pour l'aider à se relever et lui offrir un baiser magique comme lorsqu'elles étaient enfants tu n'as pas trop mal? elle prend le socle du téléphone et quitte sa chambre. simon dort encore. je ne sais pas si je dois m'inquiéter, mais hier j'ai vu simon gronder avec sa voix qui résonne. il parlait à une femme que je n'ai jamais vu.

ça va, ça va! elle frotte son genou endolori marie-mei, enfile un short et un t-shirt qui appartient sûrement à la brune à l'autre bout du fil c'était sa voix d'église? elle frissonne, tente de chasser le souvenir de toutes les fois où elle était le receptacle de ce grondement il lui faisait un sermon tu penses? c'est sûrement une transplant' qui a fait quelque chose de mal là-bas? elle se rassit en tailleur sur son lit défait.

elle prend un ton grave oui cette voix là, celle qui nous faisait nous cacher dans le placard dans la cuisine elle verse de l'eau fraiche dans un bol d'eau qui émet un son qu'elle adore lorsqu'elle le dépose sur le carrelage pour madame porcelaine non, c'était quelque chose d'autre. quelque chose de plus important, comme si elle était importante.

elle glousse, marie-mei. parce que c'est drôle d'imaginer simon faire autre chose que des sermons... tu penses que c'est son amante? tu l'imagines simon, avec une amante toi? à écrire des billets doux et déposer des baisers dans le cou de quelqu'un? elle glousse encore avant de se rappeler la détresse dans la voix de son amante à elle. alors elle se racle la gorge. tu as vu à quoi elle ressemblait ? tu veux qu'on mène l'enquête rem?

elle sait toujours faire mmei, pour faire sourire rm même quand il pleut dans ses yeux. erk, tu veux que je fasse des cauchemars? j'ai pas envie d'imaginer simon faire ça...!! sur la pointe des pieds elle se penche depuis la cuisine pour regarder dans le couloir. simon dort encore. pas trop, mais elle était très belle, comme une reine. c'est aussi pour ça que je t'appelle, je sais que simon a une boite dans son placard de chambre, il l'avait caché quand j'étais petite et que je cherchais des crayons de couleurs. depuis hier, j'ai envie d'aller fouiller...

elle rit en imaginant la mine dégoûtée de rose-mary. je pense que ça a déjà du arriver tu sais... dans le fond, elle l'espère marie-mei : qu'il a déjà ressenti ce qu'elle ressent chaque fois que ses yeux se posent sur rm... même si elle ne cessera jamais de le nier, il le mérite ne serait-ce que pour ce qu'il fait pour sa rose...
elle aimerait lui dire que c'est elle la plus belle mais elle résiste à la pulsion, comprend la complexité de la situationoh... tu es sûre que c'est une bonne idée rem... c'est sur nous qu'il va finir par cirer tu sais...

elle hausse les épaules, perd son regard sur madame porcelaine qui boit en mettant de l'eau de partout. je croyais tout savoir sur simon, comme il sait tout de moi. mais j'ai passé la nuit à cogiter! je veux savoir qui est cette femme... elle soupire au téléphone, avant de retrouver un sourire. peut-être que c'est une nouvelle arrivée sur l'île et que simon veut prendre soin d'elle? s'il en tombe amoureux et qu'elle passe trop de temps ici, je suis malheureusement obligée de me réfugier chez toi! elle le dit en riant car rm, tout ce qu'elle espère, c'est qu'un jour mmei lui propose de vivre avec elle, mais elle sait qu'elle ne peut pas encore laisser sa mère et sa grand-mère seules.

je suis désolée rem... mais tu sais, c'est normal les secrets. moi je ne sais pas tout de maman et je ne préfère pas savoir. elle grimace encore, cette fois c'est à son tour de chasser les images de son esprit. oui c'est simon, aider c'est son truc... la suite la fait glousser une fois de plus, elle rabat ses jambes contre sa poitrine, pose son menton sur ses genoux et se retient de dire ce qui lui brûle les lèvres, à la place elle dit : oh non, rose-mary chez moi, la pire des invasions...

non, on s'est promis de n'avoir aucun secret l'un pour l'autre, avec simon... peut-être que ce serait mieux d'en avoir, peut-être que simon a le droit d'en avoir, mais rm donne trop d'importance aux promesses même idiotes et impossibles, alors elle sourit. je sais, ce serait terrible pas vrai? je serais la dernière personne que tu vois dans ta journée et la première à ton réveil...

je suis désolée rem... elle se ronge les ongles mm, s'en veut un peu de ne pas avoir les mots pour apaiser totalement rose-mary et cette impression étrange que l'autre à sûrement raison de s'en faire. il ne cache jamais rien simon, elles le savent toutes les deux... alors elles changent de sujets, repoussent le moment où simon fera ce que maman dit que lui et les autres font de mieux : décevoir. complètement effroyable de t'avoir tout pour moi et de pouvoir de prendre dans mes bras sans que madame porcelaine ne soit jalouse... elle parle plus fort ensuite, s'adresse à sa némesis au pelage clair qui n'est jamais loin de sa rose t'entends ça biquette !!

*elle rit rose-mary et c'est comme si l'écho venait transporter son rire directement aux oreilles de mmei.* c'est vrai que je préfèrerais me réveiller chaque matins après de toi plutôt que d'être réveillée par l'haleine de madame porcelaine qui m'attend à côté du lit pour avoir ses légumes frais elle entortille le fil du combiné entre ses doigts. raconte moi comment ça serait, chez nous.

marie-mei frissonne de l'autre côté du combiné, les ondes du rire de rose-mary la font vibrer jusque dans son lit alors qu'elle serre encore ses genoux contre elle en souriant doucement. je t'ai déjà dit que tu étais magique rosie? elle sait qu'elle n'a pas besoin d'en dire plus, que sa belle l'a senti aussi.
elle rit encore un peu avant de regagner son sérieux pour répondre à cette question à laquelle elle a déjà tant pensé. mhm.... les murs seront jaunes ! un très beau jaune comme cette robe que tu as et que j'aime beaucoup! et on aurait une grosse cuisine en vieux bois foncé... mais toutes les pièces seraient très lumineuses! ça sentirait un mélange de miel et de thym en permanence et il ferait toujours frais sur le carrelage fleuri mais pas trop... ou peut-être qu'on aurait du plancher plutôt?

tout le temps. ça la fait sourire encore plus et rose-mary ferme les yeux un instant pour encore mieux imaginer la description que lui fait mmei. c'est beau, elle s'y voit déjà. elle espère qu'un jour elles l'auront cette maison qui sort droit de leur imagination. un mixte des deux? un coup carrelage, un coup plancher. je pourrais peindre dessus! bon, je ne sais pas peindre, alors je ferais des taches de couleurs pendant que tu me prépares du thé.

je vais le redire juste une fois pour être sûre ok? elle laisse une petite pause avant d'ajouter: tu es magique rosie... puis elles se perdent dans leur rêverie et alors marie-mei ne peut pas s'empêcher de préciser. tu sais, moi tout me va rose-mary. qu'importe la couleur de notre parquet-carrelé, je te ferai du thé... puis tes tâches seront parfaites, on leur rajoutera des ailes et des yeux pour les transformer en abeilles s'il le faut.

elle sourit encore plus rm et elle n'a désormais qu'une envie : prendre son vélo et rouler même encore en chemise de nuit jusqu'à mmei pour l'embrasser pour de vrai et pas qu'au téléphone. tu sais parfois j'ai l'impression que je suis éternellement dans un rêve, et c'est grâce à toi... peu à peu rm se laisse glisser assise sur le carrelage froid et le dos contre le mur, juste à côté de madame porcelaine qui croque dans des carottes. promet moi que tu ne quitteras jamais l'île.

elle s'indigne marie-mei : mais quelle idée! et pourquoi est-ce que je partirais? il n'y a rien pour moi là-bas, tout ce dont j'ai besoin est ici, toi tu es ici et ma famille aussi. elle ne précise pas que c'est la même chose enfaite, à la place elle fronce les sourcils marie-mei, s'inquiète d'entendre sa rose-mary dire des sautises pareilles. je pense que cette fichue boîte et l'inconnue te montent à la tête ma rose... il faudrait qu'on mette ça au clair. ou bien que tu viennes ici, prendre le petit déjeuner et te distraire...

elle étend ses jambes sur le carrelage et souris. elle sait que mmei ne partira jamais mais l'entendre lui dire la rassure. mais quand rm repense à l'inconnue et à la boite son ventre lui fait un peu mal. elle a peur de découvrir quelque chose concernant simon et ce serait très triste car simon, même si elle ne le nomme jamais ainsi, c'est son père et elle lui doit tout. venir chez toi aux aurores alors que le soleil n'a même pas terminé de ce lever? je nous revois ados à faire le mur pour aller l'une chez l'autre... mais oui, j'aimerais beaucoup déjeuner avec toi, ta mere et grand mère. je peux passer à la boulangerie!

elle pense à la même chose qu'elle mm, les revoit plus jeunes escalader tantôt le muret derrière chez elle tantôt le toit de la maison de simon... elle sourit en y repensant. sauf que maintenant tu peux passer par la porte d'entrée et je n'ai plus besoin de soigner tes blessures en te récupérant à ma fenêtre... grand-mère est déjà partie, tu la connais... mais je crois que maman est là, j'entends du bruit dans la serre!

elle prend le téléphone avec elle rm et retourne dans sa chambre pour enfiler une robe, elle a posé le téléphone sur son lit et parle un peu plus fort pour que mmei l'entende. elle préfère les brioches à la praline rose ta maman non? que je sois sure de prendre les meilleurs choses pour vos estomacs! elle se laisse tomber sur le lit pour reprendre le téléphone à l'oreille. j'ai mit ma robe bleu ciel avec les traits jaunes, celle qui tombe sur une épaule. je veux être jolie pour toi!

elle entend le raffut de l'autre côté du combiné et ne peut pas s'empêcher de sourire et pressant encore ses genoux contre elle marie-mei. praline rose oui! et si tu demandes gentiment à la boulangère, elle la glacera à l'orge exprès pour maman... marie-mei se ronge les ongles en écoutant rose-maryla bleu ciel avec les traits jaunes... oh oui! elle est si belle... je suis obligée d'être belle aussi alors! moi je comptais juste mettre un vieux t-shirt mais je peux faire un effort pour toi! des yeux elle scanne le sol de sa chambre où la plupart de ses vêtements se confondent avec les tapis orientaux. qu'est-ce que je devrais mettre?

elle note dans sa tête de penser à demander à la boulangère. rm sourit à imaginer mmei essayer de mettre de l'ordre dans ses piles de linges pour dégoter une tenue qu'elle jugerait belle, mais elle s'en fiche rm car pour elle marie-mei elle est belle à chaque instant. dans tes vieux t-shirts tu es sublime tu sais, tu me plais tout le temps! elle se met à rire doucement et commence à chuchoter, comme un secret. tu sais, si tu as tant de mal à t'habiller je peux venir t'aider et en même temps je te couvrirais de baisers!

Contenu sponsorisé