Eden • Tu ne sais plus de quel côté de la grille est le rêve.

trigger warnings : suicide d'un proche (mère) / mention de maladie en phase terminale • mensonges • pression familiale • déni. prénom : Eden, deux syllabes qui roulent avec douceur du ton rocailleux de son père, le dos courbé dans son ombre. L'aîné porte le nom du paradis, ouvre la voie des cadet.tes vers un avenir radieux.  genre : Masculin cisgenre. âge : 37 ans qu'il foule le bout de terre au milieu de nulle part et qu'il sourit au moindre de ses habitants, anciens comme nouveaux. date et lieu de naissance : Enfant d'ici, de toujours, à jamais. Le cœur résonne avec celui de Brambles depuis des générations, là où ses veines s'entrelacent avec les branches de son arbre généalogique. adresse :  Les tuiles irisées d'ardoise de la maison familiale luisent de loin. On la remarque, la bicoque chatoyante entourée d'un tapis de fleurs, au 1, chemin de Mercure, BR0429 Brambles. De l'extérieur, on peut y entendre les cris des plus jeunes, apercevoir les morceaux de vies mêlées, et humer les parfums des repas des grandes tablées. métier/occupation : Boulanger, pâtissier, et surtout propriétaire de la boulangerie de l'île, héritée par tradition familiale, fier lègue d'un père fatigué, qui l'a lui-même obtenu du sien. Le bâtiment est depuis sa création en 1920 une institution insulaire, où dorent les pâtisseries et le pain partagé, comme les salutations, les nouvelles, les potins et les rumeurs légères. statut familial : Premier fils à la charge protectrice de deux jeunes frères et ses trois petites soeurs. Six paires d'yeux couvées par leur père restant, au regard flouté depuis le Départ. Un grand D signé en bas de la lettre d'adieu de leur mère, partie pour le monde. Le monde d'après, le monde d'au-delà. C'est ce qui est dit et maintenu par tout l'entourage, dont ses parents à elle, vivant depuis ce jour au-sein de la demeure irisée. Les mots glissent comme des contes depuis tout ce temps, à s'imaginer ce qu'elle peut bien vivre ailleurs, si loin de l'île. Mais Eden sait. Eden a compris. La vérité s'échappe des non-dits. Et ses yeux se ferment comme pour entretenir l'illusion qu'elle reviendra, s'il y croit, alors qu'au fond il sait très bien que toutes les histoires ne sont que des rêves déguisés. statut civil : Célibataire sans attache, sans recherche, se laisse porter au gré des vies et des envies. Pas spécialement pressé de se trouver quelqu'un, le travail lui convient, occupe un bout de ses nuits et de ses jours pour lui tenir compagnie. peur(s) : que les secrets crèvent les yeux de ses proches, les perdre par la suite, et qu'au final, tout le monde à qui il puisse tenir le quitte sans jamais revenir. talent : la confection des douceurs de sa boutique, la création de recettes liées, et on lui reconnait une certaine compétence à la guitare. plaisir coupable : le houmous de pois chiches, il pourrait en dévorer des tonnes.

sur l'île depuis... sa naissance, et sans doute encore après sa mort, à nourrir les légendes des anciens. son coin préféré de brambles ? Les fourneaux à l'arrière de sa boutique, ou le grenier de la maison. Les deux sont tout autant chargés de souvenirs l'un que l'autre. sa dernière commande de produits venant de l'extérieur ? Un type de sucre particulier pour une recette de choux à la crème à l'occasion de la dernière fête de la mure. Un franc succès, dont il se souvient encore. sa célébration préférée? Le concours de la meilleure histoire, car il se propose toujours d'illustrer la gagnante sous la forme d'un gâteau pour l'offrir au lauréat. Mais de toutes façons il ne manque jamais de venir les écouter, spectateur attentif qu'il est. ce qu'il pense de l'amiral... Une figure bienfaitrice de l'île, une partie d'elle et de ce qu'elle représente. Il est un mystère à lui tout seul, et sa stature l'a toujours impressionné. Il lui semble sans âge et intemporel, tout comme la terre qui les porte au cœur de l'eau. Sans l'avouer et cent fois pourtant, lorsque Marius est parti, il aurait voulu lui demander de le ramener sur leurs rivages, à l'instar des trésors qu'il découvre au-delà de l'horizon. Mais il ne l'a jamais fait. Par peur, sans doute, de rompre le charme.

Âme tendre • Parfum de chocolat chaud • Sucre candy • Mélancolie acidulée • Notes de guitare • Peur des coeurs vides • Sourire comme arme et armure.

• ♪ •

Il se souvient d'Elle et de son parfum de vie, élimé par les embruns d'eau salé.
Il se souvient de la silhouette découpée, entre la fin de la nuit et de le début de l'été.
Il se souvient qu'elle s'étendait seule, ballottée par sa robe de soie trop lourde, ses cheveux emmêlés, ses traits tirés.
Tournés vers le ciel.
Tournés vers l'horizon.
Tournés vers l'ailleurs.
Partout, sauf vers Lui.

Maman ?...

Elle ne l'entend pas, quand il l'approche. Dans le paysage sanguin, sa pâleur détonne. Son souffle glisse sans bruit autour d'elle. Elle l'absorbe. Elle inspire. Expulse encore. Ouvre les bras, déplie les recoins de sa cage thoracique. Encore, plus fort. Elle respire l'essence d'un monde qu'elle sait condamné.
Le sien.
Pas celui des autres.
Pas celui de ses Autres.

Maman, c'est toi... ?

La danse du souffle cesse. Elle se fige pour, enfin, se tourner.
Il n'y a pas de visage sur cette constellation de chagrin.
Pourtant, il sait que c'est Elle.
Elle l'attend.
Sa main s'étend.
Elle l'attrape.
L'embrasse.
Le chérit.
Et murmure contre sa tempe, une vérité tapie de cosmos infini.
Plus grand que les yeux qui s'étirent, s'entrouvrent et écoutent.

Il y a près de mon coeur quelque chose qui grandit.
Une part de moi que je ne connaîtrai que lorsqu'elle m'aura dévorée.
Alors, je vais partir.
Partir pour ne pas la laisser faire.
J'irais au bout du monde pour te laisser la seule image qui compte.

Elle glisse ses mains glabres contre les joues d'adolescent.
Elle sourit sans bouche et sans tourment.

Non...

Tu te souviendras de moi ?
Quand je ne serai plus là
Et que la mer me recrachera
Et qu'elle me fera revenir
Sur nos rivages ?

Attends !

L'éclat s'estompe.
Les yeux s'ouvrent, plus grands.

Eden remarque que les nœuds du plafond de sa chambre sont toujours les mêmes.
Plus de vingt ans après ce rêve, dont il peine à se remémorer.
Ce n'est qu'un songe, écorché.

Dans un grognement de ses articulations, son chat vient se lover contre son flanc. Une main frôle le poil, le regard se perd dans les quelques morceaux d'étoiles. La nuit est encore haute. C'est l'heure de se lever.

Comme tous les jours, depuis toujours, Eden connait le bois de sa demeure, sait quelle marche font le plus de bruit, et les évite avec soin. Tous dorment encore. Même son père, qui viendra le rejoindre à l'heure du soleil, quand la boutique se réveillera. Pour l'instant, Eden est le seul à veiller.
Comme il l'a promis.

Dans le hall, le portrait de Denise resplendit, au milieu de la constellation de vies. Les visages rayonnent. Le sien sourit. Elle veille, elle aussi.
Et comme tous les jours, tandis que le chat louvoie, que le café fume sous ses yeux, Eden prie sans mots devant elle.
Denise est partie. Entre allés et retours vers l'hôpital, son chemin s'est détourné. Elle a pris le large, découvert le monde. La vérité officielle. Lancée, donnée, fourvoyée. Le reste est entre lui et son Père. L'histoire s'écrit d'une autre encre : La mer l'a rejetée. Elle s'y est jetée, tête en avant. Gonflée de désespoir et de peurs, Denise n'a pas su les exprimer, face à ce qui la rongeait.
Elle a tout consigné dans cette lettre secrète, cachée au plus profond de la maison.
Seul Eden sait.
Car il l'a trouvée, enfouie, un jour de hasard et de rangement.
Car il est le premier à comprendre parmi les enfants, même ceux d'après.
Car Denise ne s'est pas retenue.
Ni pour lui, ni pour les Autres.
Ni pour ses Autres.

Alors depuis, Papa et Lui, mentent.
Grand-père et grand-mère aussi.
Tous mentent au monde et à eux-mêmes.
Tous mentent pour continuer de faire rayonner cette image.

Et même si le Monde continue,
Même si ses espoirs sont dus,
Eden continuera de se laisser convaincre par ses propres mensonges.
Jusqu'à ce qu'ils deviennent vrais.

C'est pour ça qu'il la regarde, tout les Matins. Entourée de ses photos d'enfant, de ses frères et sœurs, de la nouvelle épouse de Papa, des fêtes et des ami.es, des passés et des futurs transis.
Comme pour lui promettre, encore une fois, tous les jours, jusqu'à la fin.

Oui, Maman.

Je me souviens.

 

pseudo/prénom : Syato/Auror.epronoms : iel/il (mais en vrai, ça varie souvent ->) âge : 30 ans depuis une semaine    fuseau horaire : France (GMT+1)fréquence de rp : aléatoire, mais j'essaie de prendre la bonne résolution de retrouver un rythme correct    couleur dialogues : teal (à peu près) avatar : Andrew Garfield crédits : Erin Morgenstern (citations) ; pinterest (image) le mot de la fin : Très ravi.e d'avoir rejoint la douceur ambiante !